René Tazé, par Marielle Durand

Une interview dessinée par Marielle Durand.

 

Entré en taille-douce en 1969 à l’Atelier Leblanc-Lallier, puis chez Crommelynck où il imprime pour Picasso et les grands artistes américains, René Tazé ouvre son atelier en 1978. Passé maître d’art, il est aujourd’hui internationalement reconnu par ses pairs et les artistes amoureux de la taille-douce. Nous sommes partis en voisins à la rencontre de cet homme chaleureux et modeste.

 

René Tazé

 

Studio 002 : Quand avez-vous investi l’atelier de la villa du Lavoir et pourquoi cet attachement particulier au 10e arrondissement ? Comment s’illustre cette spécialisation ?

René Tazé : Je me suis installé à l’atelier du Lavoir en mai 2007 après avoir quitté la rue Hittorf pour des raisons de destruction. Je suis dans le 10e depuis 1977 donc depuis le temps je me suis attaché à ce quartier qui est comme un village et qui reste encore assez populaire.

Studio 002 : Quelles sont les qualités requises et celles qui font la différence pour passer d’un tirage de qualité à un tirage d’ exception ?

René Tazé : Pour passer d’un tirage de qualité à un tirage d’exception je pense qu’il faut aimer ce que l’on fait et pour ma part j’essaye d’atteindre une qualité absolue en me nourrissant de mes

apprentissages dans différents ateliers, comme Leblanc-Lallier et Crommelynck où j’ai passé deux ans à perfectionner l’ensemble des techniques auprès des graveurs de Picasso, Jasper Johns, etc.

Studio 002 : Y a-t-il un secret de fabrication lié à votre atelier, et comment résumer en quelques mots la technique de la taille-douce ?

René Tazé : Il n’y a pas spécialement de secret, mais je me suis attaché à relancer des techniques d’impression anciennes telles que le Japon contrecollé. Je suis très exigeant au niveau du matériel que cela soit pour la gravure avec des aquatintes très fines qui permettent de faire des lavis d’acide, des sucres fabrication maison, etc. Je m’attache à livrer aux artistes des estampes de haute qualité toutes identiques afin que l’artiste n’ait plus qu’à signer et numéroter.

 

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René Tazé

 

Studio 002 : Parmi les artistes avec qui vous travaillez, quels sont ceux que vous avez converti à la gravure et pour qui cela reste leur cœur de métier ?

René Tazé : Les artistes avec qui je travaille sont en général aussi sculpteurs ou peintres mais restent attachés aux techniques de la gravure par le fait qu’ils les considèrent comme un complément de leur œuvre. Quand certains artistes n’ayant jamais touché à cette technique viennent dans mon atelier, je les guide à partir de dessins et essaye de trouver la technique adéquate à leur démarche.

Studio 002 : Est-il important d’entretenir une complicité avec les artistes ou d’apprécier leur travail pour pouvoir donner le meilleur de votre talent ?

René Tazé : La complicité qui se crée entre l’artiste et l’imprimeur graveur est un élément important dans le processus créatif mais c’est surtout à l’imprimeur de comprendre et s’intégrer au monde de chaque artiste. Au cours de ma carrière, j’ai eu la chance de collaborer avec des artistes tels que Miquel Barcelo, Yan Pei- Ming, Erik Desmazières, Sempé, Jean-Baptiste Sécheret, Gérard Traquandi, François Houtin, Philippe Favier, Damien Deroubaix, Gérard Titus-Carmel, Konrad Klapheck, Claude Garache, Thérèse Boucraut, Richard Davies, et bien d’autres.3-2014_MD_Rene_Taze_visage_dur

 

Studio 002 : Y a-t-il une relève pour le métier de taille-doucier et quelles sont les formations qui y préparent le mieux ?

René Tazé : La meilleure formation pour apprendre le métier de taille- doucier est de venir travailler, en stage, dans un atelier, il n’y a pas d’école qui enseigne vraiment ce métier. Pour ma part, la relève est en train de se faire dans mon atelier auprès de mon assistante, Bérengère Lipreau, et d’une ancienne apprentie, Isabelle Clairardin qui prendront un jour ma succession.

 

Studio 002 : Le marché de l’estampe et de la taille-douce en particulier connaît-il un regain d’intérêt de la part des collectionneurs , ou des galeristes ?

René Tazé : Le marché de l’estampe reste toujours un pan important du marché de l’art même si son époque de prédilection était plutôt les années 60/70/80. La baisse de régime au début des années 90 a fait chuter beaucoup de gros ateliers, seules certaines petites structures ont résisté. Actuellement il doit rester à Paris cinq ateliers professionnels. En ce moment, on voit chez les jeunes créateurs un regain d’intérêt pour l’estampe, les ateliers des écoles sont pleins de futurs talents et l’estampe reste un bon moyen de vendre son art moins cher tout en proposant un produit d’exception, ce qui n’échappe pas aux galeristes.

René Tazé

 

René Tazé

Taille-doucier

70, rue René-Boulanger,

Villa du Lavoir, 75010 Paris

www.atelier-rene-taze.com

 

 

 



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