François Morel & Martin Jarrie

L’avis des gens.

 Dès Hyacinthe et Rose on avait senti le plaisir qu’avaient eu François Morel et Martin Jarrie à travailler ensemble. Pour notre grand bonheur les compères ont remis les couverts et co-signent La Vie des Gens aux Fourmis Rouges. C’est aussi ensemble qu’ils répondent à nos questions.

Studio 002: Comment s’est formé ce second projet collaboratif (après Hyacinthe et Rose aux éditions Thierry Magnier) ?

MJ : À l’origine c’est une proposition de résidence de la ville de Saint Gratien en banlieue parisienne. Chaque année, un illustrateur est invité à traduire en images son regard sur la ville. J’avais depuis longtemps envie de faire des portraits (quand j’ai peint des fleurs et avant ça des fruits et des légumes, on m’avait déjà dit que ces peintures évoquaient des portraits). J’ai donc demandé s’il m’était possible de rencontrer des habitants. L’idée m’est aussi venue de demander à chaque personne de choisir un objet qui leur soit cher. La juxtaposition d’un portrait et d’un objet pouvait constituer l’amorce d’un dialogue, d’un récit, d’une histoire intrigante ou familière. Quand j’ai fait part de mon projet à Valérie, ma compagne, elle a tout de suite pensé que tout ceci pourrait devenir un livre et très vite pensé à François Morel pour en écrire les textes. Son désir de créer une maison d’édition prenait forme et ce livre ferait partie des premiers publiés.

F.M : Ce projet est né du précédent et du plaisir que nous avons eu de travailler ensemble. Les images de Martin sont inspirantes. Comme la fois précédente j’ai regardé les images et j’ai rêvé…

LVDG2 copie De quel côté part-on puiser son inspiration pour réaliser/écrire un livre si particulier comme celui-ci ?

MJ : Pour ma part, je ne pensais pas que ça deviendrait un livre. Je pensais juste à une série de diptyques que le spectateur aurait toute liberté d’interpréter. Les rencontres avec les quinze personnes qui avaient accepté de jouer le jeu furent des moments exceptionnels, très riches. J’étais accompagné de Kristel M. qui travaille aux affaires culturelles de la ville de Saint Gratien et assez vite chaque personne rencontrée se racontait avec simplicité et chaleur. Le choix quelque fois difficile de l’objet fut souvent un moment émouvant, révélateur d’un aspect heureux…ou malheureux de la vie des gens rencontrés. Quelques éléments collectés au cours de ces rencontres furent confiés à François Morel qui, les utilisa ou pas dans l’écriture de ses textes.

FM : Cette fois, j’avais quelques scrupules à plaquer des histoires inventées sur des peintures qui représentaient de vraies personnes. Ça me semblait mission impossible de chercher à trop coller à la vie de la personne réelle. Je ne suis pas journaliste.

Je ne suis pas enquêteur. Paradoxalement, j’ai l’impression que c’est lorsque je m’éloigne du sujet, que je laisse aller mon imagination que je reviens à quelque chose qui pourrait avoir des accents d’authenticité.

copieSi Martin Jarrie et François Morel devaient se retrouver dans La Vie des Gens, quel objet leur serait rattaché?

MJ : C’est un exercice auquel nous nous sommes déjà prêtés. Pour ma part, j’ai choisi un paillon, objet qui me tient particulièrement à coeur. Je l’ai réalisé avec mon père et sous ses directives. C’est ce genre d’objet que les paysans réalisaient pendant l’hiver quand le

mauvais temps ne permettait pas les travaux dans les champs. Les paillons étaient utilisés pour conserver et transporter pain, graines, fruits ou légumes. Ce paillon représente pour moi le lien concret entre mes origines paysannes et le goût que j’ai e

u très tôt pour la fabrication d’objets, d’images, pour l’art.

FM : J’ai une petite statuette, (en fonte, en fer?) qui représente le clown Grock. Je l’ai trouvé à Argenteuil sur un marché aux puces. Je l’aime bien. Comme un petit totem, un talisman. Un personnage drôle et rassurant. Pas tout a fait un jouet, pas vraiment une œuvre d’art. La représentation d’un clown qui toute sa vie a fait le même numéro en tentant de l’améliorer…

LVDG1 copie

La vie des gens, éditions Les Fourmis Rouges, 18,50€, 

François Morel (texte) , Martin Jarrie (illustrations)

 


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