La Valise en cartoon de Charlie Poppins

On retrouve régulièrement le trait corrosif de Charlie Poppins dans Trois Couleurs, ses cartoons font les beaux jours du magazine en ligne Professeur Cyclope ou des colonnes du plus sérieux magazine XXI. Son premier livre sortira chez Dargaud en octobre 2014 et donnera lieu à une exposition de ses originaux à la galerie Michel Lagarde. Il est représenté par l’agence Illustrissimo depuis cette année.

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Studio 002 : Ton humour est plus proche de la sensibilité anglo-saxonne, quels sont tes maîtres de l’humour et quel a été le cheminement pour aboutir à cette présentation délicieusement vintage ?

Charlie Poppins : J‘aime surtout ce qui a le même esprit. Prendre une situation simple et la rendre absurde. Ou le contraire. De source anglo-Saxonne, je peux citer le New Yorker, Mad Magazine, Gary Larson, Charles Addams ou Bill Watterson. Mais j’aime aussi énormément Sempé, Voutch, Quino, Aragones ou Mordillo qui sont français, espagnol, mexicain et argentin. Concernant le style visuel, le développement a été assez long. Je ne viens pas du dessin à proprement parler. à la base, je suis réalisateur de films d’animation mais dans des techniques plutôt 3D ou papier découpé. J’ai donc travaillé mon dessin en fonction des choses que je voulais raconter : un personnage en cravate, un mur, un arbre… Une sorte de répertoire graphique à ma portée. C’est d’ailleurs ce que j’aime dans le dessin d’humour : il ne demande pas forcement des compétences graphiques élevées. C’est après coup que j’ai décidé d’appliquer un certain nombre de textures pour leur donner une fausse patine. Pour la petite histoire, la trame orange que j’utilise est tirée d’une vieille BD que m’avait prêtée Jean-Pierre Jeunet quand je travaillais sur les séquences animées de Micmacs à tire-larigot. à ce moment, je voulais faire croire que Charlie Poppins était un auteur disparu que l’on avait redécouvert. Le site devait rassembler des scans de vieux journaux américains qui rendaient hommage à cet auteur inconnu du grand public… Finalement, j’ai traité des sujets plus contemporains… J’ai donc décidé que je continuerais sur ce principe anachronique : Charlie Poppins est vivant mais dessine comme s’il était dans les années 40.

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Studio 002 : Comment définirais-tu ton type d’humour ?

CP : Difficile de se juger soi-même. Peut- être que le mot «décalé» conviendrait. J’aimerais qu’on qualifie cet humour comme on qualifierait un film des Monty Python. C’est à dire qu’il met juste en avant l’absurdité d’un moment. Ça peut être proche de la réalité, comme parfois très éloigné. Quoi qu’il en soit, dès qu’une idée me fait sourire, je la note dans un carnet. J’en ai plusieurs que je ressors de temps en temps. Si ça me fait toujours sourire quelques mois après, je la dessine.

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Studio 002 : D’où vient cette patine vintage si particulière, ces trames jaunies que tu rapportes sur tes images, et quel est ce lent processus ?

CP : Il me faut en moyenne une demi-journée pour réaliser un dessin. Je compose le trait au propre avec ma table lumineuse au Rotring sur du papier à aquarelle pour ensuite scanner l’ensemble et l’adapter dans un canevas préparé dans Photoshop. Celui-ci est composé de véritables éléments d’anciennes planches de BD que j’ai numérisées et que je réemploie à ma guise. J’ai vraiment voulu jouer au maximum avec les codes du dessin d’humour anglo-saxon en utilisant du vrai papier vieilli, une vraie trame scannée, un faux copyright … J’adore les vieux objets marqués par la patine du temps. Comme ces trésors de brocante qui ont cette âme, ce vécu. C’est d’ailleurs aussi pour cette raison que j’ai choisi cette typographie de vieux illustrés qui apporte un charme que j’affectionne. Toute cette mise en scène donne un caractère hors du temps aux dessins, presque suranné. Je n’invente donc absolument rien mais je remets juste ce style au goût du jour en traitant des sujets actuels. C’est surtout ce décalage que je trouve intéressant a développer.

Concernant la couleur, j’ai préféré la simplicité : un trait noir, une trame orange. Ça n’est donc pas très courageux mais il me semble que la couleur n’a jamais été une vraie préoccupation pour les gens qui faisaient du dessin d’humour : il faut revoir Sempé, Bosc, Chaval ou les dessins du New Yorker pour s’en rendre compte : il n’y en a jamais ! De même, je n’ai pas non plus été tres téméraire quand à trouver une signature. Après des mois à chercher, je n’ai jamais réussi à en mettre une au point… La typographie «faite main», ça n’est définitivement pas ma spécialité. C’est pour cette raison que j’ai choisi ce tampon. Plus simple et plus pratique.

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Studio 002 : En dehors de ton travail de dessinateur, on raconte que tu serais réalisateur sous un nom d’emprunt ?

CP : Oui, c’est vrai. Il faudra venir me voir à l’exposition organisée par Michel Lagarde pour parler de ça ! Tout ce que je peux dire c’est que je laisse le même indice dans chaque dessin et qu’il traite de cette question.

Studio 002 : Envisages-tu de faire plus de «Charlie Poppins» à l’avenir ?

CP : Bien sûr ! Je vais en faire une nouvelle série pour le recueil que je prépare chez Dargaud en octobre. Histoire qu’il y ait des inédits ! Mais ça n’est pas mon activité principale, j’en fais donc dès que j’ai le temps.

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www.charliepoppins.blogspot.com



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