L’art désopilant de Brecht Vanderbroucke

Brecht a rejoint l’agence Lezilus en 2009, alors jeune diplômé de l’école Saint-Lucas de Gent (aux côtés de son alter ego Brecht Evens). Selon l’auteur, son style se situe quelque part «entre le Bauhaus et Mickey Mouse». Depuis cinq ans sa signature apparaît dans de nombreux titres de la presse internationale, son premier livre vient d’être publié par Thomas Gabison chez Actes Sud BD, et il vient d’achever sa première exposition parisienne à la galerie Martel.

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Studio 002 : «White Cube» sort au printemps chez Actes Sud BD. Avant de nous plonger plus en avant dans ton univers, peux-tu nous expliquer l’origine de ce titre ?

Brecht Vanderbroucke : White Cube est une galerie d’art contemporain, mais aussi l’idée de présenter l’œuvre d’art dans un endroit composé de murs blancs, à la fois sacré et neutre afin de proposer une approche la plus objective possible de l’objet présenté. White Cube a débuté sous la forme d’un fanzine, alors en noir et blanc, le projet s’est naturellement développé, les idées me venaient facilement tandis que je peignais de plus en plus souvent.

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Studio 002 : Les deux jumeaux/clones sont pour le moins énigmatiques, d’où viennent-ils ?

Brecht Vanderbroucke : Je les appelle les critiques d’art. Ils n’ont pas de nom et leur relation n’est pas claire, ils pourraient être frères jumeaux, clones ou en couple… au final ça n’a pas vraiment d’importance. Je me suis inspiré de Beavis & Butthead, Gilbert & George, Waldorff and Statler (du Muppet Show) mais aussi de Quick et Flupke d’Hergé car comme eux ils ont cet aspect puéril par moments. Ils ont l’air d’un duo au premier abord mais ne le sont pas au sens strict puisqu’ils sont identiques. Il s’agit d’avantage d’une sorte de répétition visuelle. à leur naissance, j’étais dans une phase de réflexion sur le non-sens de la critique artistique qui est seulement un moyen de s’identifier face à un groupe de personnes. C’est pour ça que je les ai faits identiques et toujours d’accord l’un avec l’autre ce qui annule leurs opinions. J’imagine que ça les déshumanise un peu.

Le thème reste celui de l’histoire de l’art, selon toi qu’elle est la place de la bande dessinée là-dedans ? Je pense que quiconque essaye de communiquer, partager quelque chose, a en lui un potentiel artistique et créatif. L’art n’est finalement qu’une chose très subjective lorsqu’on la confronte à un public et ce qui importe c’est de choisir le médium approprié à ce que l’on veut faire passer. La bande dessinée est en général quelque chose de plus complexe lorsqu’il s’agit de l’appréhender. Elle a cet aspect bâtard, à la limite de la littérature jeunesse et du dessin sans être aucun des deux. Ça peut être à la fois beau, trash, sensationnel, pop ou punk, etc. Pour moi la BD est simplement une forme d’expression au même titre que le théâtre, la danse, la musique, la littérature ou le cinéma.

 

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Studio 002 : Tu définis toi-même ton style comme un entre-deux entre Mickey Mouse et le Bauhaus. Dans «White Cube» la planche intitulée «You Have no talent» présente deux auteurs : Walter Benjamin et Charles Burns, ont-ils une influence sur ton travail ?

Brecht Vanderbroucke : Oui bien sûr, j’ai lu l’essai de Walter Benjamin sur l’authenticité et la reproduction : L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique quand j’étais encore à l’école et ce livre m’a apporté un regard complètement nouveau sur l’image. Pour Charles Burns, son travail est merveilleux et j’en suis un grand fan. En réalité, j’apprécie pas mal de choses à partir du moment où elles sont bien conçues pour ce qu’elles essaient de transmettre.

Studio 002 : Enfin, tu as participé à l’édition 2014 de Pictoplasma, qu’en retiens-tu?

Brecht Vanderbroucke : Oui, j’ai animé une conférence autour de mon travail et de mes personnages. J’ai aussi dessiné de nouveaux personnages pour une petite exposition dans le cadre du «Character walk», une de mes créations est un tapis mural brodé à la main, une chose nouvelle pour moi, ce que j’adore. Le travail a pour sujet l’androgynie.

Suivez l’actualité de Brecht Vanderbroucke sur son blog.

Pictoplasma

Preparing For the Pictoplasma Conference, Berlin 1-3 may 2014

 



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